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un temps assez long. Au jour convenable, il envoya un serviteur aux vignerons, afin de recevoir d’eux le fruit de la vigne. Les vignerons le maltraitèrent et le renvoyèrent les mains vides. Il envoya un autre serviteur. Les vignerons, l’ayant battu et déshonoré, le renvoyèrent les mains vides. Il décida d’envoyer un troisième serviteur ; et les vignerons, lui ayant infligé des blessures, le chassèrent. Alors, le maître de la vigne dit : Que dois-je faire ? J’enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être, devant lui, auront-ils de la honte. À sa vue, les vignerons se mirent à délibérer entre eux, disant : Celui-ci est l’héritier ; tuons- le, afin que l’héritage nous appartienne. Et, l’ayant chassé de la vigne, ils le tuèrent. Que reste-t-il à faire au maître de la vigne ? II viendra et perdra les vignerons et remettra la vigne à d’autres. Quand ils eurent entendu cela, ils dirent : Cela ne sera pas. – Lui, ayant regardé sur eux, dit : – Voici donc ce qui était écrit : la pierre, celle que les architectes ont rejetée, est devenue la pierre d’angle. Tout homme qui tombera sur celle pierre se brisera ; et tout homme sur qui tombera cette pierre sera écrasé. – Alors les pontifes et les scribes auraient voulu mettre la main sur Lui ; mais ils craignaient le peuple ; car ils comprenaient qu’Il avait dit cette parabole contre eux. » À qui et à quoi, je vous le demande, s’applique la parabole vignerons ?

LE PRINCE. – Je ne comprends pas ce que vous pouvez objecter là-dessus. Les pontifes et les scribes juifs s’offensèrent parce qu’ils étaient et se reconnaissaient eux-mêmes des échantillons de cette mauvaise