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de réfuter votre scepticisme, mais qu’il a exposé la commune opinion chrétienne, d’après laquelle nous dépendons de Dieu et que nous devons le servir.

L’HOMME POLITIQUE. – Eh bien ! je ne comprends pas un service sans salaire et si, comme nous en avons la preuve, le salaire, pour tout le monde, se réduit tout entier à la mort, je présente mes compliments[1].

LA DAME. – Mais, c’est égal, vous mourrez sans que personne vous demande si vous y consentez.

L’HOMME POLITIQUE. – Eh bien ! précisément, votre « c’est égal » prouve que la vie n’est pas un service ; et puisqu’on ne me demande pas mon consentement pour ma mort, pas plus qu’on ne m’a demandé de consentir à vivre, je préfère voir dans la mort, comme dans la vie, ce que l’une et l’autre contiennent en effet : une nécessité de la nature, au lieu d’imaginer un service quelconque dû à un maître quelconque. Voici ma conclusion : vivre tant que l’on vit, et s’efforcer de vivre de la manière la plus intelligente et la plus agréable ; et la condition d’une raisonnable et bonne existence, c’est la culture pacifique. D’ailleurs, je pense que, sur le terrain de la doctrine chrétienne, la prétendue solution proposée par le Prince ne supporte pas la critique ; mais, là-dessus, je laisse la parole à des gens plus compétents que moi.

LE GÉNÉRAL. – Mais quelle solution nous a-t-on donnée ? Ni solution, ni exposé, mais seulement un procédé tout verbal pour tourner le problème. Cela équivaut absolument à ce que je ferais si, sur un plan,

  1. En français. (N. d. t.)