Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

une puissance qui l’empêchait de se mettre à la suite du célèbre romancier. Il n’a suivi la trace de personne. Il était de force à conduire une armée d’intelligences ; et cela, précisément, on l’a reconnu en Russie, dès qu’il exerça un rôle public. Dostoïevski lui-même voyait et montrait dans le jeune philosophe un apôtre et un prophète, un vivant symbole de la destinée réservée au monde russe. Dans son dernier roman (non terminé), les Frères Karamazov, Dostoïevski mettait en scène, sous le nom d’Aliocha, Vladimir Soloviev comme la personnification de cette race intelligente, croyante, glorieuse.

Les conférences sur Dostoïevski valurent à Soloviev de nouvelles « journées triomphales ». C’est le mot employé, à propos des leçons universitaires, par le vicomte de Vogüé, qui fréquenta l’Université de Moscou avant de publier l’ouvrage si intéressant le Roman russe. Plus tard, dans un autre livre, Sous l’horizon, Vogüé a tracé du philosophe orateur, écrivain, apôtre, un émouvant portrait, dont voici quelques lignes : « Son éloquence arrachait des acclamations à tous ses disciples. Nous suivions avec épouvante la parole audacieuse, comme on suit