Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il avait alors vingt-huit ans. Entre ces deux mesures on toléra qu’il fît un cours aux jeunes filles élèves d’un établissement supérieur ; puis, de loin en loin, quelque conférence dans des milieux académiques. De même que les cours, ces rares conférences inquiétaient l’administration, religieuse ou civile. Soloviev réclamait la liberté pour les chrétiens dissidents ; et parfois il indiquait le Saint-Siège romain comme le centre légitime et nécessaire autour duquel doivent s’unir les Églises du Christ.

Trois de ces conférences, prononcées d’année en année, ont pour sujet Dostoïevski. Le grand romancier et le grand philosophe avaient été très liés, quoique le premier eût trente-cinq ans de plus que le second. C’est sans doute cette différence d’âge qui, récemment, a fait dire à un écrivain anglais que Soloviev reconnut Dostoïevski pour son prophète. Mais il faut signaler là une erreur. Assurément, le grand philosophe russe a donné à Dostoïevski le nom de prophète, ainsi qu’à d’autres personnalités qui agissaient beaucoup sur la masse des esprits ; assurément, il lui a témoigné une affectueuse admiration ; mais, comme philosophe, comme érudit et aussi comme écrivain, Soloviev possédait