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notre Prince : maintenant, « après dix-huit siècles pendant lesquels s’est poursuivi le progrès moral de la conscience chrétienne, il est absolument incapable de dissiper les ténèbres de mon âme. Le cannibale que j’étais avant de l’avoir rencontré, je le suis encore de même qu’autrefois. Après Dieu et après la Russie, ce que j’aime le plus dans ce monde, c’est l’œuvre militaire en général, et l’artillerie en particulier. Et, cependant, des partisans de la non-résistance, j’en ai rencontré beaucoup d’autres que notre Prince et mieux équilibrés que lui.

M. Z… – Maintenant, pourquoi en resterions-nous à une question personnelle ? Qu’est-ce que vous désirez de moi ? Je vous ai offert, en faveur de notre contradicteur absent, un texte évangélique qu’il avait oublié, mais ensuite,

– Est-ce raisonnable ou non –
Je ne suis pas responsable du songe d’autrui.

LA DAME. – Eh bien ! je prendrai la défense du Prince. S’il avait voulu faire preuve de sagesse, il aurait ainsi répondu au Général : – Ceux de mon opinion avec lesquels vous vous êtes rencontré, et moi-même, nous nous considérons comme les vrais disciples du Christ, seulement à cause de la tendance de nos pensées et de notre conduite, et non point parce due nous nous attribuons une grande force. Mais, certainement, il y a quelque part, ou il y aura bientôt, des chrétiens plus parfaits que nous. Ceux-là sauraient percer votre muraille de ténèbres.

M. Z… – Pratiquement, cette réponse serait commode,