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le Christ s’appelle-t-il prince de la paix[1] et pourquoi a-t-il dit que les pacificateurs sont appelés enfants de Dieu ?

M. Z… – Et vous êtes assez bonne pour désirer me voir obtenir cette haute dignité en réalisant l’accord de textes qui se contredisent ?

LA DAME. – Précisément.

M. Z… – Veuillez donc remarquer que pour arriver à cet accord il n’y a qu’un moyen, c’est de faire la division entre la véritable et bonne paix et la paix mauvaise ou menteuse. Cette séparation est directement signalée par Celui qui a apporté la paix véritable et la bonne inimitié : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix : je vous donne, mais non pas ainsi que donne le monde. » Il y a donc la bonne paix, la paix chrétienne, ayant pour principe cette division que le Christ est venu apporter sur la terre, c’est-à-dire la séparation entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge ; et il y a la paix du monde, la paix mauvaise ayant pour principe le mélange ou l’union extérieure de ce qui, intérieurement, est en guerre avec soi-même.

LA DAME. – Et comment distinguez-vous la bonne paix de la mauvaise ?

M. Z… – À peu près comme faisait le Général avant-hier, lorsque, en plaisantant, il constatait qu’il y a une bonne paix, par exemple, celle de Nishtadt ou celle de Kutchuk–Kainardji. Sous cette plaisanterie se trouve un sens plus étendu et plus important Dans la

  1. En français. (N. d. t.)