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boulets. Je ne clignerai donc pas les yeux devant les questions les plus subtiles. Assurément le mal existe, d’une manière réelle, comme aussi le bien. Dieu existe ; le mal existe, du moins tant que Dieu le tolère.

L’HOMME POLITIQUE. – Provisoirement, moi, je ne réponds rien. Mon opinion n’atteint pas à la racine des choses. Ce que je comprends là-dessus, je l’ai expliqué hier de mon mieux. Mais je suis toujours disposé à faire connaissance avec d’autres opinions. Je comprends parfaitement la manière de penser du Prince ; c’est-à-dire, je comprends qu’il n’y a là absolument rien qui ressemble à une véritable idée, mais seulement la marque d’une simple prétention, qui n’a ni rime ni raison[1]. Mais l’opinion religieuse positive a, naturellement, plus de consistance et m’intéresse davantage. Seulement, jusqu’ici je ne la connais que sous sa forme administrative, laquelle ne me satisfait pas. Je suis donc très désireux d’entendre, à ce sujet, non pas l’éloquence onctueuse, mais la parole humaine, naturelle.

M. Z… – Parmi toutes les étoiles qui se lèvent sur l’horizon de l’homme appliqué à lire nos livres saints, aucune, selon moi, n’est plus éclatante ni plus impressionnante que celle qui brille dans la parole évangélique : « Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, – mais la division. » Il est venu apporter sur la terre la vérité ; et celle-ci, comme le bien, divise d’abord.

LA DAME. – Je réclame une explication. Pourquoi

  1. En français. (N. d. t.)