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la négation du christianisme, on le matérialisme, ou autre chose d’analogue. Elle sera l’imposture religieuse. Alors, le nom du Christ sera exploité par toutes les puissances humaines qui, en fait et en principe, sont étrangères et directement hostiles au Christ et à son Esprit.

LE GÉNÉRAL. – Assurément, le diable ne serait plus le diable s’il jouait à découvert.

L’HOMME POLITIQUE. – Je l’avoue, je crains que tous les chrétiens ne tournent à l’imposture et, par conséquent, selon vous, ne deviennent des Antéchrists. Comme exception il n’y aurait guère que le peuple inconscient, à supposer que celui-ci existe encore dans le monde chrétien ; et quelques originaux isolés, de votre espèce, Messieurs. En tout cas, il faut considérer comme « antéchrists » tous ces gens, – ici, en France, et chez nous – qui s’agitent tant à propos du christianisme, qui en font leur souci principal et transforment leur nom de chrétiens en monopole et en privilège. Aujourd’hui, ces gens appartiennent à l’une des deux catégories qui sont également dépourvues de l’esprit du Christ. Ce sont, ou bien des égorgeurs tout prêts à rétablir l’inquisition et à organiser des massacres religieux, tels ces pieux » abbés » et ces « catholiques » officiers, qui, à une date peu ancienne, exprimaient la grande joie que leur causait la glorification d’un certain chevalier d’industrie pris sur le fait[1] ; — ou

  1. Évidemment, L’HOMME POLITIQUE vise la souscription ouverte en l’honneur du « suicidé », où un officier français déclarait souscrire avec l’espoir d’une nouvelle nuit de la Saint-Barthélemy ; un autre : qu’il espère la rapide pendaison de tous les protestants,