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par exemple, chez nos rascolniks. C’est, en quelque sorte, une idée générale.

LE GÉNÉRAL. – C’est très bien à Votre Excellence de méditer sur de tels sujets pendant vos moments de loisir. Notre pauvre Prince, lui, est tellement enfoncé dans les affaires de la propagande évangélique qu’il ne peut même plus réfléchir sur le Christ ou sur l’Antéchrist. Même, pour jouer au vint, il ne dispose que de trois heures par jour. C’est un homme sincère ; on doit lui rendre justice.

LA DAME. – Vous êtes trop sévères pour lui. Assurément ces gens-là ont tous quelque fêlure, mais, en revanche, ils sont malheureux. Ils n’ont pas de gaieté, ni de contentement, ni de mansuétude. Cependant, l’Évangile dit bien quelque part que le christianisme est la joie dans le Saint-Esprit.

LE GÉNÉRAL. – La situation est en effet difficile : ne pas avoir l’esprit du Christ et se donner pour les vrais chrétiens.

M. Z… – Pour des chrétiens supérieurs, et sans posséder ce qui, précisément, constitue surtout la supériorité du christianisme.

LE GÉNÉRAL. – Selon moi, ce fâcheux état d’esprit est juste l’état d’esprit antichrétien, lequel, chez les plus intelligents ou les plus perspicaces, est accablé par la conviction que, à la fin des fins, le chemin détourné n’aboutit pas.

M. Z… – En tout cas, certainement, l’idée d’Antéchrist qui, d’après la Bible – l’ancien Testament et le nouveau – indique par elle-même le dernier acte de la tragédie historique, ne sera pas la simple incrédulité, ou