Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

Papou. Les Papous peuvent avoir quelques idées justes. Dieu enseigne les enfants. Mais, puisque vous ne pouvez supporter d’entendre parler de l’Antéchrist, je vous propose un arrangement. Votre villa est à deux pas d’ici. Allez-y travailler, et revenez pour la fin de l’entretien, – après l’Antéchrist.

LE PRINCE. – Bien. Je reviendrai.

(Après que le Prince s’est éloigné, LE GÉNÉRAL, riant, fait cette remarque) : Le chat sait quelle viande il a mangée.

LA DAME. – Comment ? Pensez-vous que notre Prince soit – l’Antéchrist ?

LE GÉNÉRAL. – C’est-à-dire, pas en personne ; non, pas en personne. Il n’est pas de taille. Mais, tout de même, il penche de ce côté. Comme il est dit encore dans l’évangile de saint Jean : « Vous avez entendu dire, enfants, que l’Antéchrist viendra ; mais maintenant les antéchrists sont nombreux. » Alors, parmi tous ceux-ci…

LA DAME. – On peut inopinément être englobé dans ce grand nombre. Le Prince ne sera pas jugé avec sévérité par Dieu ; car on lui a fait perdre le bon sens. Il sait qu’il n’est pas de ceux qui inventent la poudre. Il porte l’uniforme qui a la vogue, avec la fierté qu’on a, quand, de la ligne, on passe dans la garde. Pour un grand général, la chose n’a aucune importance, mais elle flatte un petit officier.

L’HOMME POLITIQUE. – C’est de la bonne psychologie. Cependant, je ne comprends pas pourquoi il s’est irrité à propos de l’Antéchrist. Ainsi, par exemple, je ne crois pas à la mystique ; mais elle ne m’irrite