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si intéressants, je suis obligé de rentrer chez moi.

LE GÉNÉRAL. – Comment ? Et le vint ?

L’HOMME POLITIQUE. – Depuis trois jours, je pressentais quelque scélératesse. Dès que la religion s’en mêle, n’attendez rien de bon. Tantum religio potuit suadere malorum.

LE PRINCE. – Je n’ai pas en vue la moindre scélératesse. Je m’efforcerai de revenir à neuf heures. Mais, maintenant, je ne suis pas libre.

LA DAME. – D’où vous vient donc une hâte si soudaine ? Pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus de ces affures importantes ? Je n’y crois pas. Avouez donc que c’est l’Antéchrist qui vous fait partir tout à coup.

LE PRINCE. – Hier, j’ai entendu dire tant de choses au sujet de la prééminence de la politesse que, sous cette impression, par égard pour la politesse, j’avais résolu de sacrifier la vérité. Maintenant, je m’aperçois que j’ai eu le plus grand tort. Je parlerai donc avec franchise. Réellement, j’ai beaucoup d’affaires sérieuses ; mais, si je quitte la conversation, c’est surtout parce que je considère que je n’ai pas le droit de perdre mon temps à discuter sur des choses qui ne méritent d’intéresser personne, excepté, peut-être, des espèces de Papous.

L’HOMME POLITIQUE. – Voilà sans doute une jolie façon de réparer votre grave excès de politesse.

LA DAME. – Pourquoi vous irriter ? Si nous sommes des imbéciles, pardonnez-nous. Quant à moi, vraiment, je ne me fâche pas de ce que vous me traitez de