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L’HOMME POLITIQUE. – Assurément, tout est possible. De quelque gavroche peut sortir un grand savant. En attendant, rien n’empêche de lui appliquer, pour son profit personnel, une bonne rossée.

LA DAME. – Quelles expressions ! Décidément, vous vous encanaillez[1]. Vous rapportez tout cela de Monte-Carle. Qui est-ce que vous fréquentez -bas ? Les familles des croupiers, sans doute[2]. D’ailleurs, c’est votre affaire. Je vous demanderai seulement de contenir votre sagesse politique, afin de ne pas nous mettre en retard pour le dîner. Nous devrions avoir terminé l’entretien depuis longtemps.

L’HOMME POLITIQUE. – Oui. Je voulais résumer, et renouer la fin au commencement du discours.

LA DAME. – J’ai de la méfiance. Vous n’aurez jamais fini. Il faut que je vous aide à expliquer votre pensée. Vous vouliez donc dire que les temps ont changé ; qu’autrefois il y avait Dieu et la guerre ; et que, maintenant, à la place de Dieu, il y a la culture et la paix. C’est cela, n’est-ce pas ?

L’HOMME POLITIQUE. – Permettez. C’est cela, approximativement.

LA DAME. – Très bien. Qu’est-ce que Dieu ? Je l’ignore et je ne puis l’expliquer, mais je le sens. Quant à ce qui est de votre culture, je n’en ai aucune impression. Expliquez-moi donc en deux mots ce que c’est.

L’HOMME POLITIQUE. – De quoi est formée la culture

  1. En français. (N. d. t.)
  2. En français. (N. d. t.)