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tout à fait comme le Français qui disait : Ce sabre d’honneur est le plus beau jour de ma vie[1].

LA DAME (à l’homme politique). – Je ne suis pas de votre avis. Pourquoi ne pas avoir de la sympathie pour ces Boers ? Nous en avons bien pour Guillaume Tell.

L’HOMME POLITIQUE. – Ah ! s’ils s’étaient créé leur légende poétique ; s’ils avaient inspiré des artistes comme Schiller et Rossini ; s’ils avaient produit parmi eux un équivalent de Jean-Jacques Rousseau ou d’autres écrivains et des savants, – alors je parlerais d’eux d’une manière différente.

LA DAME. – Mais tout cela n’est venu qu’ensuite. À l’origine, les Suisses n’étaient que des pâtres… Et puis, les Américains, lorsque, pour conquérir leur indépendance, ils s’insurgèrent contre les Anglais, est-ce qu’ils s’étaient distingués par le moindre esprit de civilisation ? Non. Ils étaient, non pas des Boers, mais des Peaux-Rouges ; et ils pratiquaient le scalp, comme le raconte Mayne-Reid. Pourtant, Lafayette leur a témoigné sa sympathie. Il a eu raison, puisque maintenant les Américains ont rassemblé toutes les religions à Chicago et en ont fait une exposition ; ce que personne n’avait encore jamais vu. À Paris, on voulait faire la même chose pour toutes les religions à propos de l’Exposition future ; mais il n’en a rien été. Là, un certain abbé Charbonnel s’occupait beaucoup de cette entreprise. Il m’en a écrit plusieurs fois. Un homme sympathique. Mais les différentes confessions ont refusé leur concours. Même le grand rabbin a fait cette déclaration : «

  1. En français. (N. d. t.)