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dans une lutte contre l’Angleterre, cela n’a pas de nom ! [1].

LA DAME. – Mais vos Européens sympathisaient avec les montagnards du Caucase, quand ceux-ci combattaient pour leur indépendance. Tout de même, la Russie est bien plus civilisée que les Circassiens.

L’HOMME POLITIQUE. – Pour ne pas m’étendre sur les motifs de la sympathie de l’Europe envers les barbares du Caucase, je dirai seulement ceci : nous devons nous assimiler le général esprit européen et non les occasionnelles sottises de tels on tels Européens. Assurément, de toute mon âme, je regrette que, pour dompter ces barbares qui s’en sont fait accroire, l’Angleterre se trouve, ainsi qu’on la voit, dans la nécessité d’employer un moyen réprouvé par la raison historique et suranné, comme la guerre. Est-elle vraiment inévitable, à cause de la sauvagerie de ces Zoulous, je voulais dira les Boers, – sauvagerie encouragée par l’aveugle jalousie du continent vis-à-vis des Anglais ? Alors, naturellement, je souhaite beaucoup que cette guerre soit vite terminée et aboutisse à l’entière défaite de ces insolents Africains, de manière que, désormais, il ne soit plus question de leur indépendance. Leur succès (possible par suite de l’éloignement de cette contrée) serait le triomphe de la barbarie sur la civilisation ; et pour moi, Russe, c’est-à-dire Européen, un jour de grand deuil national.

M. Z… (à voix basse, en se tournant vers le Général).– Les personnages constitués en dignité parlent bien ;

  1. En français. (N. d. t.)