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l’honorable Théodore Théodorovitch eût subi une aventure si absurde, mais, la chose étant arrivée, j’aurais seulement éprouvé de la satisfaction morale au cas où mon honorable ami, ayant administré une bonne quantité de horions au jeune querelleur délinquant, l’avait, par l’intermédiaire de la police, fait enfermer dans une maison de correction. Mais, au lieu de cela, certains messieurs décemment habillés s’avisent d’encourager et d’exciter le garçon : « C’est un brave ! Lui, si jeune, il a eu le courage d’attaquer ce grand monsieur. Rosse-le, mon cher ; nous ne te trahirons pas. » Quelle vilenie !

LA DAME. – D’abord, pas d’injures ; et puis, expliquez-moi ce que c’est que ce Transvaal. Quelle espèce de gens habitent là ?

M. Z… – Là habile un mélange d’Européens et de nègres. Ils ne sont ni blancs ni noirs, mais fauves[1].

LA DAME. – Un nouveau calembour, je suppose.

L’HOMME POLITIQUE. – Et pas des meilleurs.

M. Z… – Tels Boers, tels calembours. D’ailleurs, si celle couleur ne vous plaît pas, il y a là encore la république d’Orange.

L’HOMME POLITIQUE. – Pour parler sérieusement, ces Boers, somme toute, sont des Européens, mais de piètre catégorie. Éloignés de leur glorieuse métropole, ils ont, à un notable degré, perdu leur civilisation. Au milieu des sauvages, ils se sont eux-mêmes ensauvagés et endurcis. Les placer sur le même rang que les Anglais et aller jusqu’à leur souhaiter de l’emporter

  1. Bouroui, brun ou fauve. (N. d. t.)