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ferme sur les principes de l’orthodoxie. Pour ne pas aller si loin dans l’histoire, est-ce qu’un certain Bulgare Stamboulov et le Serbe Milan sont des Turcs – et non pas des représentants de ce qu’on appelle les nations chrétiennes ? Si votre christianisme n’est que cela, ce n’est qu’un simple aboiement de chiens, sans garantie pour aucun intérêt.

LA DAME. – On croirait que c’est le Prince qui juge ainsi.

L’HOMME POLITIQUE. – Quand il s’agit d’une vérité évidente, je suis prêt à faire chorus non seulement avec notre très honorable Prince, mais aussi avec l’ânesse de Balaam.

M. Z… – Cependant, Excellence, ce n’est pas pour traiter du christianisme ou des animaux bibliques que vous avez bien voulu occuper le rôle principal dans notre entretien d’aujourd’hui. Mes oreilles résonnent encore du cri du cœur que vous avez poussé hier : « Seulement, un peu moins de religion, pour l’amour de Dieu, un peu moins de religion ! » Je suppose qu’il ne vous déplairait pas de revenir au sujet de notre entretien et de me tirer d’incertitude sur le point suivant. Si, commue justement vous avez bien voulu le remarquer, nous ne devons pas détruire l’empire turc, mais le « civiliser » ; et si, d’un autre côté, comme vous l’avez de même résolument admis, les Allemands s’occuperont – et déjà s’occupent – beaucoup mieux que nous du progrès moral de la Turquie, alors, en quoi, à proprement parler, consiste, selon vous, le spécial problème de la politique russe dans la question d’Orient ?