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de toute l’évolution accomplie par l’âme et par l’intelligence de Soloviev[1].

Au foyer familial, l’adolescent respirait une atmosphère de foi. Son père, historien éminent et chrétien très ferme, « aimait d’un amour passionné l’orthodoxie, la science et la patrie russe ». C’est Vladimir Soloviev lui-même qui, plus tard, l’a dit dans un article consacré à son noble père. Mais le jeune garçon, assoiffé de savoir, lisait en cachette presque autant que près des yeux paternels. Notamment, il lut à la dérobée le livre tout matérialiste de Büchner, Force et Matière, dans le texte allemand ; puis Strauss ; puis, dans le texte français, la Vie de Jésus, de Renan ; et d’autres ouvrages de même espèce. Bientôt, par franchise et sans doute aussi un peu par orgueil, il déclara son incroyance radicale, que le père, attristé, sut ne pas déplorer et blâmer avec irritation, se bornant à des conseils de réserve et de prudence.

Faute de ces deux qualités, Vladimir Soloviev avait du moins une grande et rare franchise, un fondamental besoin de vérité, un insatiable désir d’apprendre et de connaître. Il continua

  1. Vladimir Soloviev, par Michel d’Herbigny. Paris, librairie Beauchesne.