Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

usage : sois ferme dans la foi, non par crainte du péché, mais parce qu’un homme intelligent goûte beaucoup de satisfaction à vivre avec Dieu ; sans Dieu la vie est abominable. Approfondis la parole de Dieu. La lire avec discernement, ne fût-ce qu’un verset, cela vaut autant que de donner un rouble. Chaque jour, prie une ou deux fois, avec sentiment. Bien sûr, tu n’oublies pas de te laver ; eh bien, pour l’âme, une sincère prière vaut mieux que n’importe quel savon. Pour ton estomac et les autres organes intérieurs, pratique le jeûne ; maintenant, tous les docteurs conseillent le jeûne aux quadragénaires. Ne le soucie pas des affaires des autres et ne t’occupe pas de bienfaisance quand tu as de la besogne. Sur ton chemin, donne aux pauvres, sans compter. Ne compte pas non plus pour donner aux églises et aux monastères. Le contrôle céleste en fait l’addition. Ainsi tu posséderas la santé de l’âme et du corps. Des hypocrites, de n’importe quel genre, aiment à se glisser dans l’âme d’autrui, parce que la leur est vide : abstiens-toi de leur parler. » – De tels discours exerçaient une bonne influence sur mon ami, mais ils ne parvinrent pas complètement à chasser le limon des impressions opprimantes. Dans les derniers temps, les relations devinrent rares entre lui et Varsonophii.

L’HOMME POLITIQUE. – En somme, votre pèlerin raisonne à peu près comme moi.

LA DAME. – Tant mieux. Mais, en réalité, quel merveilleux moraliste ! Pèche : l’essentiel est de n’avoir pas de regrets. Cette doctrine me plaît beaucoup.