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meilleur moyen est, je crois, que vous gardiez la parole le plus possible.

L’HOMME POLITIQUE. – Je m’y engage, quoique, surtout dans cet air salubre, il y ait plus d’agrément à écouter qu’à parler. Cependant, pour mettre notre petit cercle à l’abri d’une guerre intestine, qui pourrait avoir une funeste répercussion même sur le vint, je suis prêt à me sacrifier pendant deux heures.

LA DAME. – C’est parfait. Nous renvoyons à après-demain la fin de la discussion sur l’Évangile. Ainsi, le Prince aura le temps de préparer une réplique absolument irréfutable. Toutefois, vous aussi devrez être présent. Il est nécessaire de se familiariser un peu avec les questions religieuses.

L’HOMME POLITIQUE. – Comment ! Après-demain, encore ? Ma foi, non. Mon abnégation ne va pas jusque-là. D’ailleurs, après-demain, je suis obligé d’aller à Nice.

LA DAME. – À Nice ? Quelle diplomatie naïve ! et bien inutile ! Il y a longtemps que votre chiffre n’a plus de secrets pour nous. Tout le monde sait que lorsque vous dites que vous êtes obligé d’aller à Nice, cela signifie que vous avez envie de vous amuser à Monte-Carle. Soit ; alors, après-demain nous nous passerons de vous. Allez vous embourber dans la matière, si vous ne craignez pas d’avoir, quelque temps après, à devenir un esprit. Allez à Monte-Carle. Et que la Providence vous rétribue selon vos mérites.

L’HOMME POLITIQUE. – Mes mérites ne concernent pas la Providence, mais seulement la conduite d’affaires