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de très fort afin, d’un seul coup, sans escrime, de terrasser l’adversaire ; mais du clocher voisin on entend sonner sept heures.)

LA DAME. – L’heure du dîner ! Et on ne peut terminer précipitamment une telle discussion. Après le dîner, nous avons notre partie de vint[1]. Mais demain absolument, absolument, nous reprendrons cet entretien. (À l’homme politique :) Vous acceptez ?

L’HOMME POLITIQUE. – Comment ? Continuer cet entretien ? Moi qui me réjouissais de voir se terminer une discussion qui a pris décidément la spécifique et assez désagréable odeur des guerres religieuses ! Ce n’est pas du tout la saison. Ma vie m’est tout de même plus chère que tout le reste.

LA DAME. – Pas de faux-fuyant. Absolument, absolument, vous devez être là. Mais qu’est-ce que vous avez ? Vous vous allongez comme un véritable et mystérieux Méphistophélès.

L’HOMME POLITIQUE. – Demain, soit, j’accepte de reprendre la causerie, mais pourvu qu’on y mette un peu moins de religion. Je n’exige pas qu’on s’en abstienne tout à fait, puisqu’il paraît que c’est impossible. Mais seulement un peu moins, pour l’amour de Dieu, un peu moins !

LA DAME. – Dans cette circonstance, votre « pour l’amour de Dieu » est très joli !

M. Z… (à l’Homme politique). – Pour que la discussion religieuse soit réduite autant que possible, le

  1. Jeu de cartes analogue au whist. (N. d. t.)