Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette attitude déconcertait les libres penseurs et scandalisait les croyants. Les philosophes, les savants et les autres occidentaux reprochaient à Soloviev d’être trop mystique ; les croyants, d’être trop philosophe et trop occidental. Et tous ses adversaires s’accordaient à le trouver beaucoup trop indépendant d’allures dans les grandes choses ainsi que dans les petites. Peu d’hommes supérieurs furent comme lui en butte aux critiques contradictoires. Mais peu aussi eurent tant d’amis et d’admirateurs enthousiastes. Il en avait même une foule dans les camps hostiles à sa doctrine et à ses tendances.

Historien, philosophe et croyant, Soloviev envisageait la notion de patrie, et spécialement la destinée de la patrie russe, d’après les enseignements de l’histoire, de la philosophie, de la révélation chrétienne.

Aux auditeurs de Paris il disait : « L’idée d’une nation n’est pas ce qu’elle pense d’elle-même dans le temps, mais ce que Dieu pense sur elle dans l’éternité.

«… En acceptant l’unité essentielle et réelle du genre humain, nous devons considérer l’humanité entière comme un grand être collectif ou un organisme social dont les différentes nations représentent les membres vivants. Il