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je vous invite à combattre les Polovtsi. » Cette fois, rougissant de honte, les princes obéirent ; et, sous le règne de Vladimir Monomach, la terre connut le repos. Mais ensuite ils revinrent à leur pacifisme, qui repoussait les guerres extérieures pour le profit d’une existence oisive et scandaleuse sur le sol natal. Le résultat fut que la Russie dut subir le joug mongol. Quant aux propres descendants de ces princes, la figure historique d’Ivan IV nous apprend comment ils furent régalés.

LE PRINCE. – Je ne comprends rien. Tantôt, vous nous racontez un fait qui, jamais, à aucun de nous n’est arrivé et certainement n’arrivera ; tantôt, vous rappelez un Vladimir Monomach qui n’a peut-être pas existé et avec lequel, en tout cas, nous n’avons rien à voir…

LA DAME. – Parlez pour vous, Monsieur[1].

M. Z… – Mais vous, Prince, vous descendez des compagnons de Rurik ?

LE PRINCE. – On le dit ; en sorte que, selon vous, je devrais m’intéresser à Rurik, à Sinius et à Truvor ?

LA DAME. – Pour moi, ne pas connaître ses ancêtres, c’est se mettre au niveau des petits enfants qui croient avoir été trouvés dans un jardin potager, sous un chou.

LE PRINCE. – Alors, que dire des infortunés qui n’ont pas d’ancêtres ?

M. Z… – Tout homme a au moins deux grands ancêtres, qui, pour le profit commun, ont laissé des

  1. En français. (N. d. t.)