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par ce dernier moyen, – dernier d’en haut – que vous avez indiqué prématurément et si aisément abandonné : bref, par la prière, c’est-à-dire par le supérieur effort de la bonne volonté, lequel, j’en ai l’assurance, produit effectivement des miracles quand c’est nécessaire. Le choix du moyen destiné à fournir assistance dépend des conditions intérieures et extérieures du fait ; mais ici une seule chose est absolue : je dois secourir la victime. Voilà ce que dit ma conscience.

LE GÉNÉRAL. – Hourrah ! Le centre est enfoncé !

LE PRINCE. – Moi, je n’ai pas une conscience si large. La mienne dit, dans ce cas, d’une manière plus positive et plus brève : Tu ne tueras point ; et voilà tout. Et d’ailleurs, à présent, je ne vois pas que nous ayons le moins du monde fait avancer la discussion. Si, de nouveau, je vous accordais que, dans le cas imaginé par vous, tout homme développé au point de vue moral et pleinement vertueux pourrait, sous l’influence de la compassion et faute du temps nécessaire pour se rendre un compte exact de la valeur morale de sa conduite, pourrait, dis-je, se laisser aller au meurtre, que devrions-nous en conclure ? Est-ce que, je le répète, Tamerlan, ou Alexandre le Macédonien, ou lord Kitchener ont tué ou fait tuer pour protéger de faibles créatures attaquées par des scélérats ?

M. Z… – La comparaison de Tamerlan avec Alexandre le Macédonien est un piètre présage pour le résultat de notre examen historique. Mais, puisque, une seconde fois, vous abordez impatiemment ce domaine, permettez-moi une citation historique. Elle nous aidera réellement à saisir le lien qui existe entre