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LA DAME. – Cela est très bien dit. Et, maintenant, qu’y a-t-il à répondre ?

M. Z… – Je réponds que je désirerais que cela fût dit encore mieux, plus simplement, d’une manière plus directe et en serrant de plus près la question. Vous avez voulu dire ceci : un moraliste qui croit réellement à la vérité divine doit, sans arrêter le scélérat par la force, se tourner vers Dieu et le prier d’empêcher l’accomplissement de la mauvaise action, soit au moyen d’un miracle moral, le soudain retour du scélérat sur la voie de la vérité, soit par un miracle physique – quelque soudaine paralysie.

LA DAME. – La paralysie n’est pas indispensable. Le brigand peut être effrayé par une circonstance quelconque, ou, d’une façon quelconque, détourné de son projet.

M. Z… – Peu importe. Le miracle ne consiste pas dans le fait lui-même, mais dans le rapport de conformité finale – paralysie corporelle ou secousse morale quelconque – avec la prière et l’objet moral de celle-ci. En tout cas, le moyen proposé par le Prince pour empêcher une mauvaise action conduit tout de même à la prière qui sollicite un miracle.

LE PRINCE. – Mais… c’est-à-dire… Pourquoi prière ?… Et pourquoi le miracle ?

M. Z… – Alors, quoi donc ?

LE PRINCE. – Mais dès que je crois que le monde est gouverné par un principe bon et raisonnable, je crois que dans le monde rien n’arrive que ce qui est conforme à cela, c’est-à-dire à la volonté divine.

M. Z… – S’il vous plait, quel âge avez-vous ?