Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE GÉNÉRAL. – Vous n’avez pas du tout deviné. Moi-même j’ai rencontré des gens très vertueux parmi les prêtres blancs, parmi les banquiers, parmi les fonctionnaires et parmi les paysans ; et la créature la plus vertueuse que je puis me rappeler était bonne d’enfants chez un de mes amis. Mais nous parlons d’antre chose. À propos des saints, j’ai demandé comment un si grand nombre de soldats ont pu trouver place sur la même ligne que des moines et voir leur profession préférée à toutes les professions paisibles et civiles, si, toujours, la guerre a passé pour un mal toléré comme le commerce des boissons ou même quelque chose de pire. Évidemment, les nations chrétiennes qui ont reconnu des saints (bien entendu pas les seuls russes mais approximativement les autres aussi), non seulement ont honoré, mais encore ont honoré d’une façon spéciale l’état militaire ; et parmi toutes les professions du monde, une seule, celle de la guerre, a été réputée propre à instruire, en quelque sorte, ses meilleurs représentants dans la pratique de la sainteté. Une telle opinion est en contradiction avec le mouvement actuel contre la guerre.

L’HOMME POLITIQUE. – Mais, ai-je dit que rien n’a changé ? Un heureux changement s’accomplit, sans aucun doute. L’auréole religieuse qui, aux yeux de la foule, entourait la guerre et les gens de guerre est enlevée maintenant. C’est ainsi. Et cette nouveauté ne date pas d’hier. Qui en souffre, au point de vue pratique ? Peut-être le clergé, puisque la préparation des auréoles est de son domaine. Mais il y a encore quelque chose à nettoyer de ce côté. Ce qu’on ne peut maintenir