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TROIS ENTRETIENS
SUR LA GUERRE




PREMIER ENTRETIEN


Audiatur et prima pars.


Ces entretiens, datés de 1899, avaient lieu dans le jardin d’une villa situé au pied des Alpes, tout près des bords de la Méditerranée. La première conversation s’engagea avant que je fusse arrivé. Elle portait sur la propagande que faisaient certains célèbres pacifistes de divers pays… Je ne réussis pas à reconstituer convenablement le début de l’entretien. Il ne me convenait pas non plus de le tirer de ma propre tête, à l’exemple de Platon et de ses imitateurs. Je commençai donc mon résumé avec les paroles que j’entendis prononcer par le Général lorsque je m’approchais des interlocuteurs.


LE GÉNÉRAL (agité ; se levant de son siège ; s’asseyant de nouveau et parlant avec des gestes rapides). – Non ; permettez. Dites-moi seulement ceci : la chrétienne et glorieuse armée russe[1] existe-t-elle encore ou a-t-elle cessé d’exister ? Oui ou non ?

L’HOMME POLITIQUE (étendu sur une chaise longue, parlant d’un ton qui rappelle à la fois quelque chose des dieux

  1. Traditionnellement, la force militaire russe est ainsi appelée. (Note du traducteur.)