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a pas attribué une sérieuse importance. Pour conclure, Soloviev écrit les lignes suivantes, qui sont, ou peu s’en faut, les dernières que sa plume ait tracées : « Le drame historique est joué ; et il ne reste plus qu’un épilogue, lequel, d’ailleurs, comme chez Ibsen, peut remplir l’étendue de cinq actes. Mais leur contenu, en ce qui fait le fond de l’œuvre, est connu d’avance. » J’ai noté (comme on le voit dans les Entretiens) que Soloviev ne s’attendait pas à une guerre entre les nations européennes. Il supposait que le bouleversement général qu’il prévoyait serait provoqué par l’invasion mongole. Or, c’est la guerre européenne qui a surgi en premier lieu. Mais rien ne dit que le péril jaune soit écarté par elle, pour toujours ou pour longtemps ; au contraire, peut-être.

Quant à la lutte suprême entre les droits de Dieu et les droits de l’Homme, il n’est pas douteux que nous ne soyons engagés, et fort avant, dans quelque affaire de ce genre. Depuis un grand siècle et demi, la philosophie, la littérature et la politique agissent ensemble pour soustraire la nature à Celui qui l’a créée.

Verrons-nous, verra-t-on les États-Unis d’Europe ? La guerre actuelle, qui a réalisé la