Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sterling. Pendant cinquante ans, les nations européennes subissent le joug mongol. Mais, enfin, elles s’associent pour leur commune délivrance, et elles parviennent à s’affranchir. Elles refoulent en Asie l’immense armée jaune. Cette alliance, qui les a sauvées, elles décident de la maintenir ; même, elles en font leur régime politique, et nous avons ainsi les États-Unis d’Europe.

Au milieu de la paix se développe un immense mouvement d’incrédulité nouvelle, un faux spiritualisme opposé à Dieu, une dénaturation de l’Évangile. De telles circonstances ouvrent la voie au surhomme ; et le surhomme se manifeste. C’est un personnage séducteur, doué d’un génie varié, philosophe, écrivain, grand politique. Désigné, vraiment élu par les autorités maçonniques, il s’annonce comme le Messie véritable, qui va consacrer la paix et la prospérité universelles. On l’acclame. Les États-Unis d’Europe font de lui un empereur. Il règne à travers le monde. Il met la main sur la religion. Il entreprend une menteuse union des Églises, qui, avec une solennité sans pareille, est, à Jérusalem, proclamée par un antipape, après que la puissance des ténèbres a frappé de mort le vrai pape Pierre II. — Soloviev insiste beaucoup sur le