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Germain, un groupe de Russes à peu près naturalisés Parisiens, quelques Religieux d’origine étrangère, trois ou quatre publicistes de notoriété diverse, écoutaient une conférence que lisait en français un écrivain récemment arrivé de Petrograd. Il exposait l’Idée russe, sujet familier au monde littéraire et politique de là-bas ; plus ou moins connu mais assez négligé par les Russes qui habitent ou qui fréquentent notre capitale ; presque entièrement ignoré chez nous. Qui était ce conférencier ? Ses compatriotes eux-mêmes, sauf quelques-uns, savaient seulement qu’il était le fils d’un des meilleurs historiens de la Russie ; qu’il avait occupé très jeune une chaire à l’Université de Moscou ; que, dans des livres et dans des revues, il traitait principalement les questions philosophiques et religieuses ; qu’il lui était arrivé maintes fois de soutenir des polémiques très retentissantes ; que, s’il avait des adversaires de toute sorte, il possédait, en revanche, une multitude d’amis et d’admirateurs enthousiastes ; qu’il passait pour aimer les théories paradoxales ; et que, d’allures singulières, il menait une existence plus ou moins nomade.

Les Français le regardaient et l’écoutaient avec curiosité. Très grand, d’une maigreur et