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PREMIERE PARTIE.

Chap.
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poissir par la froideur naturelle du cerveau, en empesche les fonctions, & fournit une humeur comme de l’eau-forte, qui par son acrimonie irrite les parties & augmente l’ulcere, qui ensuitte produit cet écoulement importun d’humeurs qui paroissent aux nazeaux. Et comme les deux veines jugulaires fournissent & communiquent une tres-grande quantité de sang au cerveau deja alteré par les vapeurs malignes qu’il reçoit continuellement de la veine celiaque comme un chapiteau d’alambic, ce sang au lieu de se perfectionner suivant l’ordre étably par la nature, se corrompt, & de là descendant dans les poulmons les échauffe & bien loin de les nourrir & de les rafraîchir il y augmente les ulceres qui y sont desja.

Les causes éloignées ou extérieures sont presque les mesmes que de la morfondure.

Les signes pour la connoistre, sont quand le Cheval hors d’âge de pousser la gourme, sans tousser, jette grande abondance de matiere par les nazeaux, & lors qu’entre les deux os de la ganache, on trouve une ou plusieurs glandes attachées à l’os qui sont douloureuses ; & à peine le Cheval veut souffrir qu’on y touche ; & quand elles ne seroient pas attachées, si elles sont fort dures ou fort douloureuses, c’est presque toujours un signe de morve.

Si le Cheval qui jette, & qui a une glande attachée, ne tousse point, ce n’est pas un morfondement, puis qu’il est ordinairement accompagné de toux, & la morve est souvent sans toux, outre que les Chevaux morveux ne jettent ordinairement que d’un costé, & les morfondus presque toujours des deux.

Il y en a qui jettent dans l’eau de la matiere qui sort par les nazeaux ; si elle surnage, ils croyent que ce n’est pas morve, & si elle va au fonds, que c’est une marque de morve.

Cette épreuve fait distinguer le pus, qui est proprement matiere d’ulcere & d’aposthume, d’avec le flegme qui sort des vaisseaux, & qui n’est pas si pernicieux, puisque le pus va au fond de l’eau, & le flegme surnage ; cette épreuve n’est pas si certaine qu’on y puisse faire fonds : Si la matiere qui sort par les nazeaux, s’y attache & s’y colle fortement, comme seroit de la glu, c’est une mauvaise marque ; & c’est toujours matiere de morve quoy qu’elle surnage.

Si l’haleine ou la matiere qui sort du nez de celuy qui a la morve est puante, la cure en est presque toujours incurable ; cette mauvaise odeur procedant ou de quelque ulcere, ou d’une hu-
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