CHAP.
cliv.dont il est plein, cette humeur dessoudra les sabots & les fera
tomber, ou tout au moins descendra de la jambe dans le sabot,
dessoudera souvent le petit pied d’avec le sabot en pince, & fera
des croissans avec le bout du petit pied, qui la pluspart du
temps sont incurables, car ce qu’on appelle croissant est l’os du
petit pied desséché par cet acide corrosif, & ensuite relâché, &
il faut qu’il en tombe une partie, c’est à dire ce qui est privé de
nourriture : pour guerir ces maux là il ne faut pas dessoler les
Chevaux, jusqu’à ce que partie du petit pied qui n’a plus de
nourriture, soit en estat de le faire tomber ; c’est pourquoy il ne
faut dessoler qu’apres que les croissans sont visibles, qu’ils poussent
la solle, & la font crever, le sabot est desséché, alteré, plein de cercles, & le Cheval rendu inutile, ne pouvant cheminer qu’avec beaucoup de douleur ; aussi les Chevaux qui sont gueris de la forbure,
s’il est tombe beaucoup d’humeur sur le pied, marchent sur Ie
talon, le petit pied ayant souffert en pince, car c’est là où l’humeur
prend son cours : lors que la forbure est tombée sur les
pieds, & que les croissans sont formez, il ne faut dessoler que le
plus tard qu’on peut, au contraire laisser toujours la solle autant
forte qu’on le peut, pour contenir le petit pied en sa place, ne
point ouvrir du tout le talon, percer le fer maigre en pince, brocher au talon comme à un pied de derrière & frotter la corne
pres de la couronne avec un quartier d’oignon tous les jours
en sorte que le Suc de l’oignon penetre la corne : mais en un mot
tout Cheval auquel la forbure est tombée sur les pieds, & que les
croissans paroissent, on le peut conter pour perdu, hors pour
labourer en païs doux.
Pour le prevenir, |e donneray un remede qui a souvent bien reussi, lequel vous trouverez à la fin de ce Chapitre, qu’il faut pratiquer aux Chevaux qui sont gueris de la forbure, ausquels il est resté des douleurs dans les pieds qui les empéchent de marcher ferme & à leur aise ; en un mot, qui ont les pieds douloureux de la forbure.
Un bon remede à cette sorte d’infirmité est de barrer les veines dans les pâturons, d’abord qu’on s’apperçoit que le mal est tombé dans les pieds, mais il faut le faire avant que les croissans soient formez, & il facilitera la guerison.
Je donneray icy un conseil, dont peu de personnes se voudront servir, sçavoir que la fourbure estant une fois tombée sur les pieds, quoy que les sabots n’ayent pay esté dessoudez, on gagne assez de donner ces Chevaux s’ils sont de bas prix, à qui