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PREMIERE PARTIE.


CHAP.
cliv.
folle, ou fait mourir le Cheval. La premiere sorte de forbure fait souvent aussi le mesme desordre si on n’y donne remede, & l’une & l’autre sont dangereuses & si la fiévre y est jointe & de plus la gras fondure, ils n’en échapent que rarement.

Il y a une troisiéme sorte de Forbure qu’on guerit facilement, qui est celle que les Chevaux prenent en mangeant du bled en herbe à l’armée, cette sorte de forbure se gagne facilement & se guerit dans vingt-quatre heures, & souvent par une saignée ou quelque fort leger remede.

La Forbure est tres-souvent accompagnée de gras-fondure, & lors que ces deux maux sont joints ensemble, ils ne sont gueres sans une grande fiévre, ce que les Mareschaux apellent Courbature, ainsi ils sont Forbus, gras-fondus, & Courbatus, dont ils meurent presque toujours.

La Forbure arrive presque toûjours, lors qu’apres un violent exercice qui excite une grande sueur, les Chevaux se refroidissent tout à coup, soit par la fraicheur du lieu ou on les met, soit par le froid de la saison, ou manque de les promener en main : Et comme les jambes travaillent le plus, elles en portent aussi la peine, & reçoivent la decharge des humeurs.

C’est pourquoy il faut promener quelque temps au petit pas les Chevaux, apres une course longue & violente, & mesme un grand travail, afin de dissiper les humeurs, qui se sont jettées sur les jambes deja affoiblies par le travail : lesdites humeurs n’estant encore qu’esprits, la nature les peut dissiper avant que ces esprits par le froid soient condensez en liqueur, & cette liqueur en gelée pour ainsi dire, qui cause les grands desordres de la Forbure.

Il ne faut pas s’étonner si les Chevaux deviennent Forbus, lorsqu’apres un travail violent on les mene à l’eau & qu’on les fait entrer le ventre bien avant dans l’eau, les faisant passer d’une extremité de chaleur, à une extrémité de froid.

Les Chevaux mal habituez, & qui ont déjà eu cette maladie, s’ils séjournent trop dans l’écurie, & s’ils mangent trop d’avoine, peuvent devenir Forbus, & mesme par un travail mediocre ils deviendront forbus, ce qui n’auroit pas esté s’ils n’avoient déjà eu cette maladie. Ceux qui ont quelque douleur à un pied de devant qui les oblige à séjourner sur l’autre trop long-temps, sont sujets à devenir forbus dans l’écurie, presque toûjours de trop de nourriture, qui fait des cruditez, ces cruditez engendrent la

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