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LE PARFAIT MARESCHAL.


CHAP.
ⅽⅼⅳ.
les pores se bouchent par ce froid, & rien ne peut transpirer, cette sorte de fourbure est plus facile à guerir que la seconde sorte, laquelle arrive dans l’écurie sans aucun travail precedent, mais souvent pour avoir trop mangé d’avoine.

La première est causée par un grand travail, & souvent pour avoir surmené un Cheval, c’est à dire l’avoir fait travailler au de là de ses forces, ce qui a si fort agité les humeurs qu’il s’est mélé parmy des acides qui ont excité un bouillonnement ou fermentation qui en a rarefié & subtilisé une partie, qui s’est insinuée comme une vapeur au travers toute l’habitude du corps & mesme dans les conduits des nerfs, quoy que tres-petits & imperceptibles, & le Cheval venant à se refroidir tout à coup, ces esprits ou vapeurs par la froideur qui succede, se changent en eau ; Cette eau a quantité de Chevaux se convertit ou s’épaissit en une espece de gelée, qui non seulement bouche le partage des nerfs, mais les embarrasse ; de sorte qu’ils ne sont capables qu’avec une douleur extreme, d’aucun mouvement, & encore avec beaucoup de peine.

Que cette humeur subtilisée & rarefiée & ensuite réduite en eau, le jette sur les jambes, ce n’est rien d’extraordinaire, parce que la nature qui en est chargée, s’en débarasse & l’envoye aux parties les plus affligées, qui sont les jambes qui ont esté affoiblies par le travail.

Ces esprits ou vapeurs sont toujours accompagnées ou plûtost remplies d’un sel acre & piquant ; car les humeurs estant hors de leur lieu naturel, deviennent aigres, ce qui les rend acres & piquantes, & ainsi la douleur suit la forbure, & presque toujours la fièvre accompagne la douleur, & selon que la vapeur ou les esprits acres sont plus ou moins abondants, & qu’ils s’épaississent, la forbure est plus ou moins dangereuse & difficile à guerir.

La seconde espece de Forbure qui vient dans l’écurie, parce qu’un Cheval mangera trop d’avoine, ou parce qu’il sera boiteux & souffrira beaucoup de douleur, est plus difficile à guerir que la premiere ; parce que les humeurs sont si abondantes que faute de transpiration, qui est excitée par le travail ordinaire, elles fermentent & causent le desordre que j’ay expliqué cy dessus. Ce qui rend celle-cy plus difficile à guerir, est la trop grande quantité de cette vapeur acre & maligne, qui embarasse si fort les jambes que sans un prompt remede, elle dessoude les sabots autour de la Couronne, ou cause des croissans dans le pied sous la