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des Gélons sont les Agathyrses, qui se peignent en bleu et teignent leurs cheveux de la même couleur ; ce qu’ils ne font point toutefois sans observer une certaine différence plus le rang est élevé, plus la couleur est foncée ; une nuance claire est une marque d’Infériorité

Viennent ensuite les Anthropophages, qui ont l’exécrable habitude de se nourrir de chair humaine. C’est de cet usage d’une nation impie que vient l’affreuse solitude des contrées voisines : effrayés de telles atrocités, les peuples limitrophes se sont éloignés. Aussi jusqu’à la mer nommée Tabis, sur toute l’étendue de la côte qui regarde l’orient d’été, on ne rencontre pas d’hommes il n’y a que des déserts immenses, jusqu’à ce que l’on arrive au pays des Sères. Les Chatybes et les Dahes, dans l’Asie Seythique, ne le cèdent pas t’n cruauté aux peuplades les plus féroces.

Sur la côte habitent les Albains, qui se disent descendants de Jason ; ils naissent avec des cheveux dont la blancheur est la couleur primitive, et c’est de cette blancheur dé la tête qu’ils ont tiré leur nom. Ils ont la pupille de l’oeil verte ; aussi voient-ils mieux la nuit que )e jour. Les chiens nés chez les Albains sont préférés aux chiens sauvages ils déchirent les taureaux, terrassent les lions, tiennent à l’écart tout ce qui peut leur faire obstacle ; aussi l’histoire s’occupe-t-elle d’eux. On rapporte qu’Alexandre marchant vers l’Inde, reçut en présent du roi d’Albanie deux chiens, dont l'un eut un tel dédain pour les sangliers et les ours tâchés devant lui, que blessé de n’avoir affaire qu’à de tels adversaires, il ne se hâta pas de se lever, comme s’il n’eût été qu’un chien sans courage. Cette indolence fut mal comprise d’Alexandre, qui le fit tuer. L’autre, sur un signe de ceux qui étaient venus l’offrir, étrangla le lion qu’on avait lâché devantlui ; puis ayant aperçu un éléphant, il fit mille bonds, fatigua d’abord son ennemi par l’adresse, et enfin le terrassa au grand effroi