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ton et qui dit, dans sa Consolation sur la mort de sa fille : « Je copie Crantor, » et dans ses Offices : « Je suis Panétius. Cependant ses ouvrages, vous le savez, sont de ceux qu’on doit avoir sans cesse, non pas à la main, mais dans la mémoire. Certes, il est d’une âme abjecte et d’un esprit étroit d’aimer mieux être surpris dans un larcin que de faire l’aveu d’un emprunt, lorsque surtout il faut rendre avec usure ce que l’on a dérobé 1 »

Dans sa seconde lettre à Adventus, Solin annonce qu’il extrait des écrivains les plus dignes de foi tout ce qui a rapport à la position des lieux, des mers, des diverses parties du monde. Il ajoute qu’il a décrit les caractères de l’homme et des animaux qu’il a porté son attention sur les plantes et les pierres précieuses qu’offre chaque pays, sur le physique et le moral de nations peu connues, enfin sur tout ce qu’il a trouvé digne d’être observé. Il aurait pu ajouter qu’il adopte, sans les combattre, une foule de fables.

Le style de Solin, simple le plus souvent, s’élève quelquefois ; de temps en temps même il a de l’élégance. Quelques expressions ne se rencontrent que chez lui mais généralement elles sont si justes qu’elles paraissent nécessaires. C’est ce que ne semble pas avoir remarqué Saumaise, qui, comme nous l’avons déjà dit, ne reconnaît pas assez le mérite de l’auteur qu’il a annoté, bien différent, en cela, de la plupart des commentateurs et traducteurs. Les deux énormes volumes in-f° consacrés à l’examen de Solin, sous le titre de Claudii Salmasii Plinianae exercitationes in Caii Julii Solini Polyhistora, imprimés d’abord à Paris, 1629, puis à Utrecht, 1689, sont une savante dépréciation plutôt qu’un commentaire impartial et consciencieux. Ce travail, d’ailleurs, est sur l’Histoire naturelle de Pline, plutôt que sur Solin lui-même. Pour nous, qui ne cherchons pas cependant à nous exagérer le mérite de notre auteur, nous pensons qu’après Aristote et Pline peu d’écrivains ont mieux traité que lui de l’histoire naturelle, et que parmi les géographes il tient également un rang distingué, quoiqu’au-dessous de Strabon, de Ptolémée, de Pline et de Pomponius Mela.

Au nombre des précieux auxiliaires dont nous avons pu dis-

1. Traduction de M. AYASSON DE GRANSAGNE.