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documents et notes sur le velay

les capitaines de France ». En 1437, Rodrigue foulait le Bourbonnais et allait fondre sur l’Anjou, lorsque le roi Charles VII, ému par le cri des peuples et remis en humeur de roi par l’affermissement de sa couronne, déclara par un édit Rodrigue de Villandrando banni de son royaume : défendant a toute personne, et nommément aux princes du sang, de lui accorder jamais aide, protection ni confort, donnant en outre permission au premier venu de courir sus aux routiers, s’ils se montraient sur le territoire et de les tuer comme bêtes nuisibles[1]. Cette disgrâce fut passagère. En 1438, Rodrigue, avec le titre de conseiller et chambellan du roi, menait en Guienne une expédition contre les Anglais. Il opérait avec Poton de Saintrailles et d’autres capitaines envoyés par le roi de Castille, Jean II, lequel avait conclu un traité avec la France et prêtait son aide sur les bords des Pyrénées à l’œuvre française de la rédemption nationale. Un titre, écrit en langue romane, atteste la contribution des États particuliers du Gévaudan aux dépenses nécessitées par l’entrée en campagne de Rodrigue. Ce titre émane de Bertrand Teyssier, consul de Saugues, et en voici le texte : « Sapchan tut que hieu, Bertrant Teysier, cossol de Salgue, confesse aver agut et recebut de Jehan Chaste, recebedor de dyosesse de Mende de la somma de dos milia motos donastz a Rodigo, conte de Ribadieu, la somma de tres motos d’aur, per aver estato Marehol, a la sieta de la equoctacion de ladita tallia. De laquala somma de iii motos ie me tene per couten et pagat, et ne quite lodit recebedor. En testimoin d’ayso, hieu ey senhat aquesta quitansa de mon senhet manual, lo primier jorn de may, l’an M. CCCC XXXVIII. Bertran Teysier[2].(Mss. Gaignières, vol. 647 intitulé : Titres originaux en gascon. Bibl. nat.) ».

  1. Quicherat, loc. cit. d’après la Chronique du héraut Berry.
  2. Lorsque nous laissions entrevoir dans les Tablettes, VI, 321, que Rodrigue avait extorqué de l’argent aux consuls de Saugues, nous n’avions pas sous les yeux le texte de la quittance du 1er mai 1438. Il faut revenir sur notre appréciation. Les consuls de Saugues payèrent une somme très régulièrement votée par les États particuliers du Gévaudan au profit d’un service public et officiel.