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Si le capital est employé à échanger des produits de l’industrie nationale contre des produits de même origine, alors il entretient autant de cette industrie que le peut faire tout capital employé dans le commerce.

S’il est employé à échanger des produits de l’industrie nationale contre des produits d’industrie étrangère, alors il sert pour moitié à l’entretien de cette industrie étrangère, et ne rend plus à l’industrie nationale que la moitié du service qu’il eût pu lui rendre s’il eût été employé de l’autre manière, c’est-à-dire à échanger deux produits de l’industrie nationale.

Enfin, s’il est employé à échanger des produits d’industrie étrangère contre des produits d’industrie étrangère, ce qu’on nomme commerce de transport ou d’économie, alors il sert en totalité à entretenir ou encourager l’industrie de deux nations étrangères, et il n’ajoute alors autre chose au produit annuel du pays que le profit fait par le commerçant. (Liv. II, chap. iv.)

L’intérêt privé, laissé à sa pleine liberté, porte nécessairement le possesseur du capital à préférer, toutes choses égales, l’emploi le plus favorable à l’industrie nationale, parce qu’il est aussi le plus profitable pour lui. (Id.)

S’il est arrivé souvent que les capitaux aient pris une autre route que celle dans laquelle les eût naturellement conduits l’infaillible instinct de l’intérêt privé, c’est l’effet des circonstances dans lesquelles se sont trouvés les gouvernements de l’Europe, et de l’influence qu’ont prise sur leur système d’administration les intérêts mercantiles et des préjugés généralement répandus. L’exposition de ces circonstances et le développement des vices de ce système d’administration forment, comme il a été observé plus haut, la matière des troisième et quatrième livres.

Ce serait rendre service aux personnes qui commencent l’étude de l’économie politique, que de recomposer l’ouvrage de Smith pour en classer les différentes parties dans un ordre plus méthodique et pour en détacher toutes ces digressions qui en interrompent la suite, ainsi que plusieurs détails qui s’appliquent exclusivement à l’Angleterre. Ce livre se trouverait par là fort abrégé, et l’instruction qu’on peut y prendre se communiquerait avec plus de facilité. Mais, en cherchant à resserrer cet admirable ouvrage sous un petit volume, il faudrait bien se donner de garde de chercher à rendre plus concis les