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sement prompt et immédiat d’un meilleur système d’économie. Ces obstacles sont : 1° la pauvreté des tenanciers, qui n’ont pas encore eu le temps d’acquérir un fonds de bétail suffisant pour une culture plus complète de leurs terres, cette même hausse du prix des bestiaux, qui leur ferait trouver du profit à en entretenir un plus grand fonds, leur en rendant aussi l’acquisition plus difficile ; et 2° en supposant qu’ils eussent été dans le cas de l’acquérir, le défaut de temps, qui ne leur a pas encore permis de mettre leurs terres en état d’entretenir convenablement ce plus grand fonds de bétail. L’augmentation du fonds de bétail et l’amélioration de la terre sont deux choses qui doivent marcher de pair, et dont l’une ne peut guère aller plus vite que l’autre. On ne saurait améliorer la terre sans quelque augmentation de bestiaux ; mais on ne peut pas faire d’augmentation de bestiaux un peu importante, à moins d’une amélioration déjà considérable de la terre, autrement la terre ne pourrait pas les nourrir. Ces obstacles naturels à l’établissement d’un meilleur système d’exploitation ne peuvent céder qu’à une longue suite de travaux et d’économies ; et il faut qu’il s’écoule plus d’un demi-siècle, plus d’un siècle peut-être, avant que l’ancien système, qui se détruit de jour en jour, puisse être complètement aboli dans toutes les différentes parties du pays[1]. Au reste, de tous les avantages commerciaux que l’Écosse a retirés de son union avec l’Angleterre, la hausse du prix de son bétail est peut-être le plus grand. Non-seulement cette hausse a ajouté à la valeur de toutes les propriétés des montagnes, mais elle a peut-être encore été la cause principale de l’amélioration des terres dans le plat pays.

Dans toutes les colonies nouvelles, la grande quantité de terres incultes qui ne peuvent pendant beaucoup d’années être employées à autre chose qu’à nourrir des bestiaux, les rend bientôt extrêmement abondants, et en toutes choses la grande abondance engendre nécessairement le bon marché. Quoique tous les bestiaux des colonies européennes de l’Amérique aient été originairement transportés d’Europe, ils y ont bientôt multiplié à un tel point, et y sont devenus de si peu de valeur, qu’on a laissé même les chevaux en liberté dans les bois et sans maître, sans qu’aucun propriétaire voulût prendre la peine de les récla-

  1. Les progrès de l’agriculture et ceux du capital agricole ont été si considérables en Écosse dans ces dernières années, que le vieux système de culture dont parle ici le Dr Smith est généralement abandonné aujourd’hui. Buchanan.