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d’autres sans exiger une rente, et personne ne trouverait moyen de lui en payer une.

Dans le même pays, il y a d’autres mines de charbon qui seraient bien assez fertiles, mais qui ne peuvent être exploitées à cause de leur situation. La quantité de minerai suffisante pour défrayer la dépense de l’exploitation pourrait bien être tirée de la mine avec la quantité ordinaire, ou même encore moins que la quantité ordinaire de travail ; mais dans un pays enfoncé dans les terres, peu habité, et qui n’a ni bonnes routes ni navigation, cette quantité de minerai ne pourrait être vendue.

Le charbon de terre est un chauffage moins agréable que le bois ; on dit, de plus, qu’il n’est pas aussi sain. Il faut donc qu’en général la dépense d’un feu de charbon de terre soit de quelque chose moindre, pour le consommateur, que celle d’un feu de bois.

Le prix du bois varie encore suivant l’état de l’agriculture, presque de la même manière, et précisément pour la même raison que le prix du bétail. Quand l’agriculture est encore dans sa première enfance, le pays est en grande partie couvert de bois, qui ne sont alors pour le propriétaire qu’un embarras, et qu’il donnerait volontiers pour la peine de les couper. À mesure que l’agriculture fait des progrès, les bois s’éclaircissent par l’extension du labourage et, d’un autre côté, dépérissent par suite de la multiplication des bestiaux. Quoique ces animaux ne multiplient pas dans la même proportion que le blé, qui est entièrement le fruit de l’industrie humaine, cependant la propagation de leur espèce est favorisée par les soins et la protection de l’homme, qui leur ménage, dans la saison de l’abondance, de quoi les faire subsister dans celle de la disette, leur fournit pendant tout le cours de l’année une plus grande quantité de nourriture que n’en fait naître pour eux la nature sauvage, et leur assure la plus libre jouissance de tout ce que leur offre la nature, en détruisant et en extirpant tout ce qui pourrait leur nuire. Des troupeaux nombreux qu’on laisse errer à travers les bois, quoiqu’ils ne détruisent pas les arbres âgés, empêchent la pousse des jeunes et, de cette manière, dans le cours d’un siècle ou deux, toute la forêt s’en va en ruine. Alors, la rareté du bois en élève le prix ; ce produit rapporte une forte rente, et quelquefois le propriétaire trouve qu’il ne peut guère employer plus avantageusement ses meilleures terres qu’en y faisant croître du bois propre à la charpente, qui, par l’importance du profit, compense souvent la lenteur des retours. Tel est à peu près aujourd’hui, à ce qu’il semble, l’état des choses dans plusieurs endroits de la Grande-Bretagne, où l’on