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bas en France qu’en Angleterre, le taux de la place a été généralement plus élevé ; car là, comme ailleurs, on a beaucoup de moyens faciles et sûrs d’éluder la loi. Des commerçants anglais, qui ont fait le commerce dans les deux pays, m’ont assuré que les profits du négoce étaient plus élevés en France qu’en Angleterre ; et c’est là, sans aucun doute, le motif pour lequel beaucoup de sujets anglais emploient de préférence leurs capitaux dans un pays où le commerce est peu considéré, plutôt que de les employer dans leur propre pays où il est en grande estime. Les salaires du travail sont plus bas en France qu’en Angleterre. Quand on passe d’Écosse en Angleterre, la différence que l’on remarque dans l’extérieur et la tenue des gens du peuple des deux pays indique suffisamment la différence de leur condition. Le contraste est encore plus frappant quand on revient de France. La France, quoique indubitablement plus riche que l’Écosse, ne paraît pas avancer d’un pas aussi rapide. C’est une opinion générale, et même vulgaire dans chacun de ces pays, que l’opulence y va en déclinant ; opinion mal fondée, à ce que je crois, même à l’égard de la France. Quant à l’Écosse, quiconque l’aura vue il y a vingt ou trente ans et l’observera aujourd’hui, ne supposera jamais assurément qu’elle aille en déclinant.

D’un autre côté, la Hollande est plus riche que l’Angleterre proportionnellement à sa population et à l’étendue de son territoire. Le gouvernement y emprunte à 2 p. 100, et les particuliers qui ont bon crédit, à 3. On dit que les salaires y sont plus élevés qu’en Angleterre, et l’on sait généralement que les Hollandais sont, de tous les peuples de l’Europe, celui qui se contente des moindres bénéfices. Quelques personnes ont prétendu que le commerce déclinait en Hollande, et cela est peut-être vrai de quelques branches particulières. Mais ces symptômes semblent indiquer assez que la décadence n’y est pas générale. Quand les profits baissent, les commerçants sont très-disposés à se plaindre de la décadence du commerce, quoique cependant la diminution des profits soit l’effet naturel de sa prospérité ou d’une plus grande masse de fonds qui y est versée[1]. Pendant la dernière guerre, les Hollandais ont gagné tout le commerce de transport de la France, dont ils conservent encore la plus grande par-

  1. Le taux peu élevé des profits en Hollande doit être attribué entièrement, ou presque entièrement, à l’élévation oppressive des impôts. (Voyez Principles of Political economy, 2e édit., p. 494.) A. B.