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gouvernement de Bombay s'occupe sérieusement de cette question, et l'on examine différentes mesures propres à y mettre un terme. On propose d'assimiler au crime la falsification du coton par l'introduction de substances étrangères, de graines ou de poussière, et de traiter de la même manière le mélange de qualités inférieures avec les qualités supérieures. Bien des gens voudraient que le gouvernement marquât les balles quand elles sont pressées, pour certifier que le coton est pur et non falsifié. Ce sujet est entouré de grandes difficultés à cause du réseau compliqué d'intérêts privés qui s'y rattachent, mais il est probable qu'on adoptera quelque mesure efficace.

Ajoutons, avant d'abandonner ce sujet, que la principale cause de cette excessive falsification, l'année passée, a été la hausse extraordinaire du coton.

Beaucoup de marchands de l'intérieur avaient, par spéculation, pris l'engagement de livrer du coton à 150 et 200 roupies (375 et 500 fr.), espérant l'acheter à meilleur marché vers le temps de la livraison. À cette époque, le prix avait doublé dans bien des cas, et ils ne purent remplir leurs engagements sans faire de grandes pertes. Ils firent naturellement tous leurs efforts pour atténuer ces pertes, et ils avisèrent de falsifier le coton avec des graines et de la poussière, augmentant ainsi le poids aux dépens de la qualité. Le profit de l'acheteur de Bombay était si grand, qu'il était trop heureux que le traité fût exécuté, et ne regardait pas de trop près à la qualité ; et, quand le coton était trop mauvais pour être accepté par le négociant européen, on répondait souvent à celui-ci qu'on n'en pouvait obtenir de meilleur, et que, s'il avait recours à des poursuites judiciaires, le marchand indigène se déclarerait en faillite. De cette manière, beaucoup de contrats pour la livraison de beau Dhollerah et de Broach furent exécutés avec du coton qui valait 2 pence (20 centimes) la livre à Liverpool, et beaucoup d'autres furent annulés par l'acheteur, parce que l'article livré n'était composé que de débris, et quelque compensation en argent était acceptée comme compromis, quoique généralement elle fût bien insuffisante.