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de cette façon, le principal de la dette, que l'on essayait rarement de rembourser, devenait un fardeau dont on ne pouvait se débarrasser.

En outre, une tradition religieuse du pays consacre que le devoir le plus sacré d'un fils est d'endosser les dettes de son père ; on obéit si fidèlement à ce précepte, qu'on résiste rarement à cette obligation, et le système s'est ainsi perpétué de génération en génération, de sorte que les fermiers sont, pour ainsi dire, les esclaves de la classe des prêteurs. Il ne faut pas, ainsi qu'on le fait généralement, jeter tout le blâme sur cette dernière caste. Le fermier était si ignorant et si imprévoyant que si, par quelque bonne fortune, il était libéré de toute dette, il s'imposait le plus souvent de nouvelles obligations. La coutume du pays est de dépenser des sommes immenses pour les mariages et autres cérémonies, et l'on voit souvent des fermiers sacrifier le revenu d'une ou de deux années pour une seule faite, afin de faire grand étalage en certaine occasion, et s'imposer ainsi un lourd fardeau pour le reste de leur existence. Loin d'être regardée comme une disgrâce, la condition de débiteur est une source d'honneur ; le fermier considère la somme qu'il doit comme la mesure de la confiance qu'il inspire, et celui qui devait 1,000 roupies (250,000 fr.) avait beaucoup plus de droit au respect des villageois que le débiteur d'une pauvre somme de 100 roupies (250 fr.).

Par suite de cet état de choses, il a surgi une classe de personnes faisant commerce de prêter de l'argent aux fermiers, et dans chaque village il s'établit un ou plusieurs préteurs d'argent ou petits capitalistes. Au moment des semailles, ils faisaient des avances aux cultivateurs pour les aider à se procurer des graines, et à soutenir leurs familles jusqu'à la récolte suivante. Les produits de la ferme étaient alors livrés au prêteur pour qu'il en disposât et se payât de ses avances, ou ils étaient vendus par le fermier qui les avait engagés.

Mais appliquons particulièrement notre attention à ce qui concerne le commerce du coton. Le prêteur, dans chaque village,