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s’annexa douze royaumes et s’ouvrit un territoire de mille li ; il devint alors le chef des Jong de l’Ouest. Le Fils du Ciel envoya Kouo, duc de Chao, donner en présent au duc Mou un tamtam[1].

La trente-neuvième année (621 av. J.-C.), le duc Mou mourut : il fut enterré à Yong. Ceux qui le suivirent dans la mort furent au nombre de cent soixante-dix-sept[2] ; parmi ceux qui le suivirent dans la mort se trouvaient trois hommes, excellents sujets de Ts’in et membres de la famille Tse-yu[3] ; leurs noms étaient Yen-si, Tchong-hang et Tchen-hou ; les gens de Ts’in eurent pitié d’eux ; ils composèrent un chant qui est la poésie des oiseaux jaunes[4]. Les sages dirent :

— Le duc Mou de Ts’in a agrandi son territoire et augmenté ses États ; à l’Est, il a subjugué le puissant (royaume de) Tsin ; à l’Ouest, il est devenu chef des barbares Jong ; cependant il n’a point présidé l’assemblée des seigneurs ; c’est bien ce qui devait arriver, car, à sa mort, il sacrifie son peuple ; il retient ses meilleurs sujets pour qu’ils le suivent dans la mort. Or, quand les anciens rois mouraient, il avaient encore soin de laisser ceux qui étaient vertueux, de transmettre (à leurs descendants) ceux qui servaient d’exemple ; aussi le fait de supprimer les hommes excellents et les sujets les meilleurs est-il une chose que le peuple déplore. On apprend par là que Ts’in ne pourra plus gouverner dans l’Est[5].

  1. prop. : un tambour en métal.
  2. Cf. notes 172 et 301.
  3. Ce nom de famille est écrit Tse-kiu dans le Tso tchoan (6e année du duc Wen).
  4. La poésie des Oiseaux jaunes est la sixième des odes de Ts’in dans la section Kouo fong du Che king.
  5. Un discours analogue, mais plus long, est rapporté dans le Tso tchoan (6e année du duc Wen) ; M. Legge remarque que la prédiction qui le termine fut singulièrement démentie par les faits.