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gens de Tsin se gardaient tous derrière leurs remparts et n’osèrent point sortir. Alors le duc Mou traversa en personne le fleuve au gué de Mao[1]. il éleva un monument en l’honneur des morts de Hiao ; il décréta un deuil et les pleura pendant trois jours ; puis il adressa cette harangue[2] à son armée :

— O soldats ! écoutez-moi et ne criez point : j’ai une harangue à vous faire. Les anciens prenaient conseil des vieillards à la tête grisonnante[3] et ne commettaient pas de faute. C’est afin de témoigner que je regrette de n’avoir pas suivi l’avis de Kien-chou et de Po-li Hi que je fais cette harangue ; je veux que la postérité se rappelle ainsi de ma faute.

Les sages, en apprenant cela, versèrent tous des larmes et dirent :

— Certes, le duc Mou de Ts’in a une entière confiance dans les hommes qu’il élève en dignité[4].

En définitive, (le duc de Ts’in) profita de la bonne fortune de Mong-ming.

  1. La trente-septième année (623 av. J.-C.), Ts’in, en suivant les conseils de Yeou-yu, battit le roi des Jong ; il
  1. Le gué de Mao s’appelle aujourd’hui le gué de Ta-yang, et se trouve dans la sous-préfecture de P’ing-lou, préfecture de P’ing-yang, province de Chān-si.
  2. On trouve dans le discours qui suit quelques phrases et quelques mots du dernier chapitre du Chou king, la harangue de Ts’in. Mais la préface du Chou king reporte cette harangue trois années plus tôt, au moment où le duc Mou va à la rencontre de ses trois généraux après leur défaite.
  3. D’après Se-ma Tcheng, [] est ici l’équivalent de [] « aux chevaux blancs. »
  4. [] doit être ici l’équivalent de [] : le Tso tchoan (3e année du duc Wen) dit en effet [] ce que M. Legge traduit : « What entire confidence he reposed in the men whom he employed. »