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la bonté et de la justice, il s’impatienta d’être déçu dans ce qu’il attendait de ses maîtres ; les supérieurs et les inférieurs entretinrent des relations d’hostilité et de haine ; il y eut entre eux des usurpations et des meurtres qui allèrent jusqu’à l’extinction de familles entières ; il en fut toujours ainsi. Or chez les barbares Jong il n’en va point de même : les supérieurs s’appliquent à la sincérité et à la vertu afin de convenir à leurs inférieurs ; les inférieurs chérissent la fidélité et la bonne foi afin de servir leurs supérieurs ; la règle dut royaume est comme le gouvernement d’un seul corps ; on ne sait ce qui le gouverne ; c’est là le gouvernement de l’homme véritablement saint.

Alors le duc Mou se retira, [puis il interrogea le nei-che Leao, disant :

— J’ai appris que lorsqu’un royaume voisin possède un homme saint, c’est chose néfaste pour le royaume rival. Maintenant, Yeou-yu est un sage ; c’est funeste pour moi ; que faut-il faire ?

Le nei-che Leao lui dit :

— Le roi des Jong demeure dans un lieu éloigné et caché ; il n’a jamais entendu les harmonies du royaume du milieu ; que votre Altesse essaie de lui envoyer de ses musiciennes afin de lui enlever sa force de caractère. Faites des propositions à Yeou-yu afin de relâcher ses rapports (avec le roi des Jong) ; ] retenez-le et ne le renvoyez pas afin qu’il manque au terme (qui lui a été fixé pour revenir) ; le roi des Jong s’en étonnera et ne manquera pas de soupçonner Yeou-yu ; quand le prince et ses ministres sont en désaccord, on peut les faire prisonniers[1]. En outre, si le roi des Jong se plaît à la musique, il négligera

  1. Au lieu de [], Han Fei-tse donne la leçon [] qui est préférable : « Quand le prince et ses ministres sont en désaccord, on peut faire des plans contre eux. — Ce qui suit se retrouve avec plusieurs variantes dans Han Fei-tse.