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demandèrent tous à le suivre ; quand ils l’eurent suivi, ils virent que le duc Mou était dans une situation critique ; ils serrèrent leurs lances et luttèrent jusqu’à la mort afin de reconnaître le bienfait dont ils avaient été l’objet à l’occasion de l’excellent cheval.

— Alors, le duc Mou revint avec le prince de Tsin qu’il avait fait prisonnier ; il ordonna des purifications dans son royaume, (en disant qu’)il se proposait de sacrifier à la place du prince de Tsin à l’Empereur d’en haut[1]. Le Fils du Ciel (de la dynastie) Tcheou[2] l’apprit et dit :

— (Le prince de) Tsin est du même clan que moi[3] ; j’intercéderai en sa faveur.

D’autre part, la sœur aînée de I-ou, prince de Tsin, était femme du duc Mou ; quand elle apprit ce qui se passait, elle mit sur sa poitrine l’étoffe de deuil, se ceignit de la ceinture de deuil et, les pieds nus, elle dit :

— L’épouse et la sœur ne peuvent s’aider l’une l’autre, en sorte

  1. La phrase […] pourrait signifier littéralement : « Je me propose de sacrifier le prince de Tsin à l’Empereur d’en haut. » C’est ainsi que je l’avais entendue d’abord (Traité sur les sacrifices fong et chan, 1890, p. XV). Mais un texte du Tso tchoan (10e année du duc Hi, § 6) montre qu’il faut la comprendre autrement ; dans ce texte, un prince mort reparaît sur la terre pour dire que l’Empereur (d’en haut), scandalisé des crimes de I-ou, prince de Tsin, a promis de le perdre et a dit : — Je donnerai Tsin à Ts’in et c’est Ts’in qui s’acquittera des sacrifices envers moi. Cela signifie que l’extinction totale de Tsin est résolue, extinction qui est exprimée dans les idées chinoises par la suppression des sacrifices que son prince rend au Ciel. Dès lors la phrase de Se-ma Ts’ien signifie simplement : — Je me propose de sacrifier à la place du prince de Ts’in à l’Empereur d’en haut. En d’autres termes, le duc Mou veut anéantir entièrement l’État de Tsin.
  2. Le roi Siang.
  3. Cf. Mémoires historiques, chap. XXXIX, au commencement.