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Po-li Hi, se trouve chez vous ; je vous propose de le racheter au prix de cinq peaux de bélier[1].

Les gens de Tch’ou y consentirent aussitôt et le rendirent. En ce temps, Po-li Hi était déjà âgé de plus de soixante-dix ans ; le duc Mou le délivra de prison et voulut causer avec lui sur la politique ; il s’excusa, disant :

— Votre sujet est le sujet d’un royaume détruit ; comment serait-il digne d’être interrogé ?

Le duc Mou répondit :

— Le prince de Yu s’est perdu parce qu’il n’a pas suivi vos conseils ; ce n’est pas votre faute.

Il insista pour l’interroger ; (Po-li Hi) discourut pendant trois jours ; le duc Mou, très satisfait, lui remit le gouvernement du royaume avec le titre de « grand officier des cinq béliers. » Po-li Hi s’y refusa, en disant :

— Votre sujet n’a pas la valeur de son ami Kien-chou. Kien-chou est un sage, mais le monde ne le sait pas. Au cours de mes voyages incessants, je me trouvai dans la gêne dans le pays de Ts’i et je mendiai ma nourriture aux habitants de (la localité de) Tche[2] ; Kien-chou me recueillit ; alors je désirai me mettre au service

  1. Une tradition populaire, que Mencius (V, a, 9 ; Legge, Chinese Classics, II, p. 242-244) déclare d’ailleurs controuvée, disait que Po-li Hi s’était vendu lui-même pour le prix de cinq peaux de bélier à un marchand de bétail du pays de Ts’in, afin de trouver ainsi un moyen de s’introduire auprès du duc de Ts’in. — Tchoang-tse mentionne à deux reprises le nom de Po-li Hi ; dans l’un de ces textes (trad. Legge, Sacred Books of the East, vol. XL, p. 89), il fait allusion aux cinq peaux de bélier que le duc Mou donna pour avoir Po-li Hi ; dans l’autre texte (loc. cit. , p. 50), il dit que Po-li Hi gardait le bétail et que c’est en cette qualité qu’il attira l’attention du duc Mou dont il devait être un jour le premier ministre.
  2. D’après le contexte, cette localité devait se trouver dans l’État de Ts’i ; il est donc difficile d’admettre l’identification proposée par Tchang Cheou-tsie qui veut que Tche ait été situé dans la sous-préfecture de P’ei.