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(Tse-yng) fut capable de concevoir une grande pensée et de supprimer une cause de souci : le père et le fils[1] s’étaient rendus puissants ; il les serra de près entre la porte et la fenêtre, tua tous ces fourbes et châtia ces brigands au plus grand profit du trône. Après la mort de (Tchao) Kao, avant que les hôtes de la noce eussent achevé de se féliciter mutuellement, avant que la nourriture fût descendue dans le gosier, avant que le vin eût humecté les lèvres, les soldats de Tch’ou avaient déjà tout massacré à l’intérieur des passes, l’homme véritable[2] s’était abattu dans son vol sur le bord de la rivière Pa[3]. (Tse-yng) monta sur un char blanc, lia le cordon (autour de son cou), et prit en main les insignes de jade et le sceau pour rendre sa dignité d’empereur ; (c’est ainsi qu’autrefois) le comte de Tcheng prit en main l’étendard fait d’herbes blanches et le couteau à sonnettes et le roi Tchoang alla s’établir plus en arrière[4]. Quand le Fleuve a rompu ses digues, on ne peut plus le retenir ; quand le poisson a été haché, il ne peut plus redevenir entier.

  1. Tchao Kao et son gendre Yen Yue. Pan Kou fait l’éloge de Tse-yng qui eut le courage de tuer lui-même ces hommes néfastes.
  2. Le futur Han Kao-tsou.
  3. Cf. note 480.
  4. On lit dans le commentaire de Kong-yang au Tch’oen-ts’ieou que, lorsque le roi Tchoang de Tch’ou attaquait l’État de Tcheng, le comte de Tcheng vint à sa rencontre, en tenant en main les instruments dont on se servait lors des sacrifices dans le temple ancestral : à savoir, l’étendard d’herbes blanches et le couteau à sonnettes ; il donnait ainsi à entendre qu’il se rendait à discrétion, lui et son temple ancestral. Le roi Tchoang lui laissa la vie sauve et fit aussitôt reculer son armée de sept li en arrrière. — Le nom du roi Tchoang est ici écrit Yen, afin d’éviter le nom personnel de l’empereur Hiao-ming, qui était Tchoang (Che ki p’ing lin) ; aussi Tchang Cheou-tsie dit-il qu’il faut lire Tchoang, et non Yen.