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le jour i-tch’eou, (Pan Kou a écrit ce qui suit)[1]. La dynastie Tcheou étant passée, l’enfant ne succéda pas à sa mère suivant le principe de la bonté et les Ts’in occupèrent sa place[2]. Lu Tcheng[3] était méchant et cruel ; cependant, n’étant que seigneur et âgé de treize ans, il s’empara de tout l’empire ; il assouvit ses passions et lâcha les rênes à ses désirs. Il rendit florissante sa famille. Pendant trente-sept ans, il n’y eut personne dont ses soldats ne triomphèrent. Il institua des ordonnances et des règlements qui devaient être transmis aux rois ses successeurs[4]. Il sembla[5] qu’il était en possession du prestige qui appartient à l’homme saint ; il sembla que le dieu du Fleuve lui avait remis le Tableau[6].

  1. Se-ma Tcheng dit que toute la discussion qui suit fut écrite par Pan Kou, sur l’invitation de l’empereur Hiao-ming. C’est une défense de Tse-yng contre le jugement trop sévère porté contre lui par Kia I.
  2. Pour comprendre cette phrase, il faut se rappeler la modification qui fut introduite aux environs de l’ère chrétienne dans la théorie des cinq éléments (cf. Introduction, p. CXCI et CXCII). D’après l’ancienne théorie, le principe de l’évolution était la violence et les éléments se succédaient en se détruisant les uns les autres ; les Ts’in qui régnaient par la vertu de l’eau succédèrent donc aux Tcheou qui régnaient par la vertu du feu, car l’eau détruit le feu (cf. note 216). A partir de Lieou Hiang et de Lieou Hin, on soutint au contraire que le principe de l’évolution était la bonté et que les cinq éléments se succédaient en se produisant les uns les autres, comme l’enfant succède à sa mère ; dans cette théorie, les Tcheou régnèrent par la vertu du bois ; dès lors, ils devaient avoir pour successeurs les Han qui régnèrent par la vertu du feu, car le bois produit le feu. Les Ts’in, qui régnèrent par la vertu du l’eau, ne devaient donc pas s’intercaler entre les Tcheou et les Han.
  3. C’est-à-dire Ts’in Che-hoang-ti. Cf. note 102.
  4. Il est à remarquer en effet que toute l’organisation administrative de Ts’in Che-hoang-ti subsista après la chute de sa dynastie. Ce souverain est le vrai fondateur de l’empire chinois qui, avant lui, n’était qu’une féodalité sans cohésion.
  5. Le mot est une restriction dubitative.
  6. Cf. tome I, note 00.165. .