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Quand Ts’in eut dispersé les royaumes combattants et qu’il régna sur l’empire, sa conduite ne changea pas, son gouvernement ne se modifia pas ; c’est pourquoi il obtint des résultats différents lorsqu’il fit des conquêtes et lorsqu’il les conserva ; il était isolé en possession (de l’empire), et c’est pourquoi on pouvait attendre sa perte imminente. Supposez que le roi de Ts’in eût administré les affaires suivant les principes des générations anciennes et qu’il eût suivi les traces des Yn et des Tcheou dans la direction qu’il donna à son gouvernement ; quand bien même dans la suite il y aurait eu un souverain dissolu et arrogant, la calamité de la ruine et du péril ne se serait point produite. C’est pourquoi, quand les trois dynasties fondèrent leur empire, leur renommée fut éclatante et leur œuvre dura longtemps. Maintenant, lorsque Eul-che de (la dynastie) Ts’in prit le pouvoir, dans l’empire il n’y eut personne qui ne tendit le cou pour observer comment il gouvernerait ; en effet, celui qui a froid apprécie fort des vêtements grossiers, celui qui a faim trouve agréable au goût la lie du vin et l’enveloppe du grain ; l’empire retentissait de plaintes, c’était une ressource pour le nouveau souverain : cela signifie qu’auprès d’un peuple accablé il est aisé de passer pour bon. Si Eul-che s’était conduit comme un souverain ordinaire et avait confié les charges aux hommes loyaux et sages, si les sujets et le souverain avaient eu les mêmes sentiments et avaient pris en pitié le malheur du monde, si, quand il était encore vêtu de blanc[1], (Eul-che) avait réparé les fautes de l’empereur son prédécesseur, s’il avait divisé son territoire et distribué son

  1. C’est-à-dire : « quand il était encore en deuil de son père » : aussitôt après être monté sur le trône.